Sur la route avec Springsteen
Une nuit de novembre 1980, Daniel, 15 ans, rencontre Valentine. Elle fuit au petit matin en lui laissant l’empreinte de son coeur et sa passion pour Bruce Springsteen… Pour toujours ! Une magnifique épopée, de 1980 à nos jours, jalonnée par un artiste d’exception qui unit et révèle les êtres en dévoilant une part de chacun d’eux dans ses chansons. Qui peut rester insensible à cet hymne à la vie, à l’amour et au Boss ? Né en 1969, Olivier Démoulin est diplômé de l’Université de Droit de Montpellier, de Sciences Po Bordeaux et l’École de Journalisme de Marseille. Ancien journaliste et responsable de communication, il est l’auteur de cinq autres romans, dont les fameux «L’homme qui épousa New York » et « Aux bons soins de Lénine ». Rythmé par de vrais concerts de Bruce Springsteen et hommage savoureux à son idole de jeunesse, le sixième roman d’Olivier Démoulin est un pur chef d’oeuvre ! Fluide, surprenant, tonique, bouleversant like « The River » ! « Ceux qui cassent les rêves des gens sont ceux qui n’entrent pas dedans. »
Novembre 1980
LIRE LA SUITE- Prêt, Daniel ? On y va ? Rassurez-moi, un ado plein d'énergie comme vous ne craint pas de se faire opérer de l'appendicite ?
Le docteur à la cravate rose et l'infirmière brune d'hier soir sont à mes côtés. Vu mon état, ils ne souhaitent pas me voir marcher. Ils m'aident à sortir du lit et m'assoient dans un fauteuil roulant.
Rapidement, ils me conduisent vers la cage de l'ascenseur. Nous descendons dans la salle d'opération.
Tout se déroule si vite.
Je suis déjà allongé sur une table saturée de lumières et de blouses blanches.
L'anesthésiste, aussi croisé hier, parle gentiment et me pique le bras.
Je pense à mes parents, à ma grand-mère.
Je m'endors.
Combien de temps ?
Le docteur a prévenu, le réveil sera pénible.
Un moment, j'ouvre vaguement les yeux. Puis je replonge dans les vapes. Sans avoir vu personne ? Ni mes parents, ni le médecin cravaté, ni l'infirmière brune ?
Soudain, j'ignore si j'entends sonner les cloches de l'église Saint-Jean ou un carillon dans mon imagination.
Combien d'heures passent ?
Plus tard, bien plus tard : ça y est, cette fois, je me réveille vraiment, je retrouve mes esprits.
Et, première surprise, je ne ressens pas, ou peu, de douleur.
Quelle heure est-il ? Cette nuit paraît le jour. Sans doute grâce à la pleine lune. Peut-il être minuit ?
Comme quand ma grand-mère...
Justement, à mon grand étonnement, je ne suis pas seul dans ma chambre de clinique ! J'halluciné ?
Ce n'est pas ma grand-mère. La personne à ma droite ne ressemble ni à un membre de ma famille, ni à une infirmière.
Sur le lit voisin du mien, des pieds dans des baskets jaunes battent l'air à toute vitesse sans toucher le sol : assise devant moi, une jeune fille sourit en direction du plafond.
Je découvre ses socquettes blanches, ses genoux ronds et le bas de ses cuisses.
Je lui donne mon âge, quinze ans, ou maximum seize. Je ne l'imagine pas majeure. De longs cheveux noirs dans le désordre entourent son visage et dévalent sous ses oreilles. Son menton semble devancer le reste de sa figure, comme désireux de se détacher de son être. Une allure générale pénétrante.
Peut-être a-t-elle vu que je l'observais ? A présent, elle me regarde aussi.
Olivier DEMOULIN