Ils étaient neuf, lundi soir, sur la scène du Palace : un gang survolté, compact, prêt à l'attaque, l'allure puisée directement dans les quartiers chauds de New York. Un groupe monté de toutes pièces pour brûler les planches et embraser les clubs, en prise directe avec la rue, celui de Miami Steve, alias Steve Van Zandt, le guitariste et compagnon de production de Bruce Springsteen.
Si la salle n'était qu'aux trois-quarts pleines, c'est que, délibérément, Little Steven avait refusé de jouer sur la réputation du " boss " pour annoncer le concert. Coiffé d'un foulard de bohémien, menant ses hommes à l'arrachée, la voix nasillarde, à la manière de Dylan, le timbre écorché, il plaque sans discontinuer des accords trépidants sur sa guitare. À ses côtés, un percussionniste noir démultiplie les élans dans un foisonnement étourdissant de rythmes, et un bassiste à la stature impressionnante, noir lui aussi, le crâne barré d'une coupe iroquois blond oxygéné, gonfle le son de ses notes lascives ; en arrière-plan : un clavier, une batterie et la section de cuivres la plus explosive de ce côté du rhythm'n blues blanc, celle de Southide Johnny.
Partant dans tous les sens, mais sans jamais se disperser, ils n'ont pas laissé un instant de répit. De la soul chauffée à blanc, une inspiration et un esprit à la croisée de Bruce Springsteen et de Southide Johnny, assortis d'un son volumineux et d'un savoir-faire infaillible où l'urgence du rock répond à la sensualité du rhythm'n blues. Après une heure et demie et cinq rappels de ce traitement, le public était définitivement conquis.
...et Marc Seberg au Bataclan
Mercredi, l'ambiance était différente avec Marc Seberg au Bataclan. Le groupe de Rennes a imprimé ses climats tendus, ses visions sombres, ses rythmes crispés avec une maîtrise de la progression et un pouvoir évocateur de tous les instants. Ici l'inspiration prend racine dans la culture européenne, rigueur mélodique et construction dépouillée. Il existe une espèce de grâce majestueuse dans la musique de Marc Seberg qui tient essentiellement dans la personnalité de Philippe Pascal, l'ancien chanteur de Marquis de Sade. Sa présence, son jeu de scène, sa voix qui s'élève et résonne avec un sens du drame, exercent une réelle fascination sur le public. Le concert venant souligner la superbe du 33 tours, Marc Seberg s'est imposé comme l'un des groupes les plus prestigieux en France.