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01/02/2009 - Tampa FL - USA

Raymond James Stadium


Concert à la mi-temps du Superbowl. Une semaine après la sortie de l'album Working On A Dream, on retrouve le E Street Band (avec Charles Giordano) et les cuivres des Miami Horns.

supoerbowl

Voici le "journal du Superbowl" raconté par Springsteen sur le site officiel les jours suivants l'évènement, merci à Marianne Wild Heart: 1 - Six thunderbirds de l’Air Force ont vrombis comme s’ils n’étaient qu’à quelques pouces de nos coulisses, nous donnant l’impression à l’E Street Band et à moi-même d’être fauchés. A 20 minutes du commencement, je suis assis dans ma caravane, à chercher quelles chaussures mettre. J’ai une jolie paire de bottes cowboy, dans lesquelles mes pieds sont très biens, mais, je suis inquiets pour leur stabilité. Il y a deux jours, nous avons répété sous une forte averse et la scène est devenue aussi glissante qu’une piste de glace. C’était carrément impossible de tenir dessus. C’était si glissant que j’ai percuté Mike Colucci, notre cameraman, en arrivant de ma glissade sur les genoux, sa caméra étant la seule chose qui m’a empêché de m’étaler sur le gazon trempé. Quand Jerry, l’arbitre de ‘Glory Days’ est venu faire son truc, il est arrivé en courant, sans pouvoir s’arrêter et a exécuté l’une des plus parfaites et douloureuse chute de style « homme glissant sur une peau de banane » que j’ai jamais vu. Ca nous a valu à Steve, moi-même et au groupe entier l’un des plus gros fou-rire nerveux de notre vie, qui a duré jusqu’à notre retour dans nos caravanes. (quelques Advil et Jerry était OK.) Je ferai mieux de mettre mes bottes de combat habituelles. Les bouts ronds me donneront plus de pouvoir freinant que les bottes de cowboy pointues quand je serai sur le pont. J’ai arrangé mes bottes avec deux semelles intérieures pour qu’elles me maintiennent aussi bien que possible, les ai lacées bien haut autour de mes mollets, fait quelques mouvements dans ma caravane et me suis senti bien ancré au sol. 50 minutes … oh, en y pensant, j’étais quelque part nerveux. Ce n’est pas l’habituelle frousse d’avant spectacle, pas de ‘papillons’, ce n’est pas l’anxiété d’un problème de garde-robe, je suis en train de parler des 5 minutes avant le débarquement, « le truc vrai » « Seigneur, ne me laisse pas faire une boulette devant 100 millions de gens. », le genre de semi-terreur face à la plus grande audience télévisée depuis que les dinosaures sont arrivés sur terre. Ca dure juste une minute … j’arrange mes cheveux, les vaporise de quelques chose qui les rend béton et je sors. Je capte un signe de Patti souriante. Elle a été mon roc toute la semaine. Je mets mon bras autour d’elle et nous y allons. Ils nous emmènent dans des voiturettes de golf, en prenant un tunnel à droite du terrain. Le problème c’est qu’il y a des milliers de gens là, caméras de télé, des médias de toutes sortes, et un chaos général. Soudainement, des centaines de personnes se ruent sur nous, en file, criant, acclamant … nos fans ! Et ce soir également, nos fondations. Ils sont « volontaires ». Ils ont été là depuis deux semaines, avec leur propres deniers, sur le terrain jour après jour, construisant et assemblant les pièces de la scène encore et encore, avec une précision théoriquement militaire. Maintenant, c’est pour de vrai. J’espère qu’ils en ont terminé, car lorsque nous sommes escortés sur la pelouse, les lumières du stade à fond, les hurlements de 70 000 fans de football s’élèvent à nos oreilles, il n’y a rien là. Rien … aucun son, pas de lumière, pas d’instrument, pas de scène, rien qu’une très brillante inopportune étendue verte. Tout à coup une armée de fourmis arrive de tous côtés, et de nulle part. Chacune roulant une pièce de notre ligne de vie, notre terre sur ce terrain. La cavalerie est arrivée. Ce qui nous prend 8 heures pour un jour de concert est fait en cinq minutes. Incroyable. Tout notre monde est là … nous espérons. Nous nous rassemblons non loin de la scène, en formant un cercle avec nos mains, je dis quelques mots, noyés par la foule et ce ne sont que des sourires tout autour. Je me suis retrouvé dans beaucoup de situations avec de gros enjeux comme celui-ci , bien que pas vraiment comme celui-ci, avec ces personnes-là, avant. C’est stressant, mais notre groupe est fait pour ça … et c’est sur le point de commencer … alors, heureux guerriers, nous sautons sur scène. 2 - Le Monsieur Loyal de la NFL (Lige Nationale de Football) me donne le signe des 3 minutes … 2 minutes … 1 … il y a un gars qui saute partout sur les sections de la scène pour les faire entrer uniformément dans le terrain … 30 secondes … ils testent encore les micros et l’équipement … c’est tout près ! Les lumières s’éteignent. La foule éclate et Max lance sa batterie sur « 10th Avenue ». Je sens la silhouette de Clarence et moi sous une lumière blanche pendant un moment. J’entends le piano de Roy. Je tape la main de « C ». Je suis prêt à lancer ma guitare dans un grand arc de cercle pour Kevin, mon technicien guitare, pour qu’il l’attrape et c’est … « mesdames et messieurs, pour les 12 prochaines minutes, nous allons vous apporter le juste et puissant pouvoir du E Street Band dans votre belle maison. Alors … écartez-vous de la sauce guacamole. Laissez tomber les morceaux de poulet ! Et allumez la télé à fond ! Parce que,bien sur, il n’y a qu’UNE chose que je veux savoir : Y’A-T-IL QUELQU’UN DE VIVANT PAR ICI ?! » Tout ce que je sais c’est que si vous vous étiez trouvé près de moi, vous l’auriez été. Je me sens comme si j’avais pris une seringue d’adrénaline directement dans le cœur. Avant que nous ne sortions, j’avais deux principales inquiétudes. Un, que quelque chose se passe mal, hors de mon contrôle. C’est complètement disparu avant que nous ne montions sur scène. Ce soir, notre sort est entre les mains de beaucoup, alors aucune raison pour des inquiétudes inutiles. Deux, j’avais peur de me trouver en dehors de moi-même et pas dans le moment. Mon vieil ami Peter Wolf m’a dit une fois ‘la chose la plus étrange que tu peux faire sur scène c’est de penser à ce que tu es en train de faire.’ C’est vrai. S’observer soi-même de l’extérieur pendant que vous vous battez pour donner vie au moment est très désagréable. Je l’ai vécu plusieurs fois. C’est un problème existenciel. Malheureusement, juste dans ma maison sur roue. Ca ne veut pas dire que ça va être un mauvais concert. Ce pourrait en être un super. Ca veut juste dire que ça pourrait prendre du temps, quelque chose que nous n’avons pas beaucoup ce soir. Quand ça arrive, je fais tout ce que je peux pour le casser. Déchirer la setlist, appeler une chanson, faire une erreur, n’importe quoi pour être ‘dedans’. C’est pourquoi vous êtes payé, POUR ÊTRE LA MAINTENANT ! Le pouvoir, éventuel et le volume de votre présence-ou pas est une des promesses de base du rock ’n roll. C’est l’élément essentiel qui maintien l’attention de votre pubic, qui donne la force, la forme et l’autorité pour l’évènement du soir. Et peu importe comment vous êtes chacune de ces nuits, c’est la route que vous prenez. « EST-CE QU’IL Y A QUELQU’UN DE VIVANT ICI ?! » … il serait mieux qu’il y en ai. Je suis sur le haut du piano (bonne vieilles bottes). Je suis en bas. Un … deux … trois, les genoux plient devant le micro et je me courbe en arrière presque à plat sur la scène. Je ferme les yeux un moment, et quand je les rouvre, je ne vois que le ciel bleu nuit. Pas de groupe, de foule, de stade. J’entends et ressens tout ça comme une grande sirène comme un vacarme qui m’enveloppe mais avec le dos presque à plat sur scène je ne vois rien d’autre qu’un beau ciel nocturne avec une auréole d’un millier de soleil aux abords. Je prends plusieurs respirations profondes et un calme s’empare de moi. Je me sens profondément et heureusement ‘DEDANS’. Depuis les débuts de notre groupe, c’était notre ambition de jouer pour tout le monde. Nous avons atteint beaucoup mais nous n’avons pas atteint ça. Notre public reste tribal … à prédominance blanche. A certaines occasions, le concert d’investiture, pendant une campagne politique, en tournée en Afrique en ’88, plus particulièrement avec le président Obama, j’ai fais attention et chanté ‘The Promised Land’ pour les publics à qui je la voulais destinée, des jeunes, des vieux, noirs, blancs, bruns, d’un côté à l’autre des religions et classes sociales. Ce sont ceux pour qui je chante aujourd’hui. Aujourd’hui nous jouons pour tout le monde. Je me redresse avec le micro et me tiens droit dans le monde, ce monde, mon monde, celui avec tout le monde à l’intérieur et le stade, la foule, mon groupe, mes meilleurs amis, ma femme affluent devant mes yeux et c’est « teardrops on the city … » 3 - Pendant ‘Tenth Avenue’, je raconte l’histoire de mon groupe … et d’autres choses « when the change was made uptown » … ça afflue, puis le glissement sur les genoux. Trop d’adrénaline, une chute tardive, trop de vitesse, me voici, me voilà, Mike … BOUM ! Et je suis dans sa caméra, l’objectif planté dans ma poitrine avec une jambe hors de scène. J’utilise sa caméra pour me remettre debout et … dis-le, dis-le, dis-le, dis-le … BLAM ! BORN TO RUN … mon histoire … quelque chose de brillant et chaud enfle derrière moi. J’ai entendu qu’il y avait des feux d’artifices. Je n’en ai vu aucun. Seulement ceux qui se déclenchent dans ma tête. J’ai la respiration coupée. J’essaie de la calmer. Ca ne va pas arriver. J’ai déjà entendu la foule chanter les huit dernières mesures de ‘Born to run’ oh, oh, oh, oh … ensuite, c’est direct sur ‘Working on a dream’ … votre histoire … et la mienne j’espère. Steve est à ma droite, Patti à ma gauche. Je capte un sourire et le merveilleux chœur, The Joyce Garrett Singers, qui ont chanté avec moi à Washington pendant le concert d’investiture, sont derrière nous. Je me tourne pour voir leurs visages et écouter le son de leurs voix …’working on a dream’. Fait. Un moment plus tard, nous explosons vers ‘Glory Days’ … la fin de l’histoire. Une dernière fête imprégnée de joyeux fatalisme et de rire avec mon vieux pote, Steve. Jerry l’arbitre n’est pas tombé sur son cul ce soir. Il a juste lancé le carton jaune pour les précieuses 40 secondes de plus que nous avons fait … allongement maison. Tout le monde est devant maintenant, formant une superbe ligne. Du coin de l’œil, je capte les cuivres qui emmènent leurs instruments haut, ma guitare tourne autour de mon cou et au septième coup, je vais à Disneyland. Je suis déjà quelque part plus loin et beaucoup plus drôle que ça. Je regarde autour, nous sommes vivants, c’est fait, nous lions nos bras et faisons un arc pendant que la scène se sépare sous nos pieds. C’est encore une fois le chaos jusqu’au retour vers la caravane. Un toast … nos familles, amis, Jon, George, Brendan, Barbara, avec Don Mischer, Ricky Kirshner, Glenn weiss, Chales Coplin, et Dick Ebersol, la grande équipe qui a mis tout ça en place et la fin d’une bonne partie de football. 4 - La théorie de la relativité se tient. Sur scène votre liesse est directement proportionnelle au vide sur lequel vous dansez. Un engagement que j’ai toujours regardé avec méfiance et pour lequel j’étais prudent et qui s’est révélée avoir un surprenant pouvoir émotionnel et une résonance pour moi et mon groupe. C’était un point fort, une marque d’une certaine manière et qui a collé avec le plus gros show de notre vie professionnelle. La NFL nous a balancée une fête d’anniversaire du genre que nous ne nous serions pas faite à nous-mêmes (nous sommes trop méticuleux) avec feux d’artifices et tout ! Au milieu de leur partie de football, ils nous ont laissé mettre au point une petite partie de notre histoire. J’aime jouer longtemps et durement mais c’était 35 ans en 12 minutes … c’était l’astuce. Vous commencez ici, vous finissez là, c’est ça. C’est le moment que vous avez pour donner tout ce que vous avez … 12 minutes … donne ou prend quelques secondes. Le Super Bowl va m’aider à vendre quelques nouveaux albums c’est ce que je voulais car je veux que les gens entendent où nous sommes aujourd’hui. Ca va probablement mettre quelques fans de plus sur les sièges et c’est excellent. Nous vivons grandement et j’aime faire du bon travail pour ma compagnie de disques et les promoteurs de concerts. Mais ce qui importe plus que tout c’est que mon groupe reste l’un des plus puissants sur cette terre et je veux que vous le sachiez, nous voulons vous montrer … parce que nous pouvons. Aux alentours de 3 heures du matin, je suis de retour à la maison, tout le monde est endormi et bordé. Je suis assis dehors devant un feu, fixant encore ce ciel nocturne noir, mes oreilles résonnant encore … ‘Oh yeah, it’s allright.’



1 10th Avenue Freeze-Out  
2 Born To Run  
3 Working On A Dream  
4 Glory Days  


Répartition par album:
Born To Run 2 titre(s). - 50,00%
10th Avenue Freeze-Out
Born To Run
Born In The USA 1 titre(s). - 25,00%
Glory Days
Working On A Dream 1 titre(s). - 25,00%
Working On A Dream