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Born in the USA: Forme, paradoxe et indirection rhétorique

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Voici le lien vers  "Another Side of “Born in the U.S.A.”: Form, Paradox, and Rhetorical Indirection" un article universitaire qui examine assez en détail la complexité existante dans la manière d'analyser la chanson BITUSA. Ca va au-dela de la traditionnelle vision hymne patriotique de la Boss-mania vs. les échecs de la politique sociale US pour les Veterans. Le point de départ de l'article reste néanmoins cette vision (les drapeaux US lors des concerts, l'hymne patriotique, etc). Lecture très intéressante, avec pas mal de références.

https://boss.mcgill.ca/article/view/15

L'article fait 27 (petites) pages; en anglais ! J'en ai extrait et traduit (merci DeepL) quelques paragraphes qui me semblent intéressants:

Résumé de l'article : "Born in the U.S.A." est l'une des chansons les plus importantes et les plus controversées de la carrière de Bruce Springsteen. Pour certains auditeurs, la chanson est un hymne pro-américain ; pour d'autres, c'est un commentaire cinglant sur le gouvernement et la société américaine. Cet article remet en question ces deux points de vue, en soutenant que la forme musicale et le contenu lyrique apparemment contradictoires de la chanson interagissent pour produire un effet rhétorique collectif. De ce point de vue, "Born in the U.S.A." n'est pas un argument en faveur d'une idéologie politique spécifique mais plutôt une interrogation multicouche et multidirectionnelle sur les paradoxes de l'appartenance nationale.

Extraits :

  • La chanson est un exercice de paradoxe et d'incohérence.
  • Dans le cas de "Born in the U.S.A.", le large éventail de suppositions et d'attentes du public semble être une force motrice derrière les interprétations divergentes des significations supposées de la chanson.
  • D'une part, le contenu de la chanson semble plaider en faveur d'une analyse critique du gouvernement et de la société américaine, en particulier en réponse à la façon dont les vétérans du Vietnam ont été traités à leur retour chez eux, et peut-être plus généralement en réaction à l'inégalité croissante entre les classes sociales (ce qui explique pourquoi le protagoniste de la chanson était au Vietnam en premier lieu) ; c'est-à-dire qu'elle semble articuler le sentiment d'aliénation totale d'un individu par rapport aux communautés politiques et sociales dans lesquelles il est né. D'un autre côté, la forme de la chanson, avec son timbre musical positif - la tonalité majeure, la structure simple à deux accords, le synthétiseur brillant, le rythme régulier de la batterie, le refrain hymnique - semble plaider en faveur d'une célébration passionnée des "U.S.A.", quoi que cela puisse signifier pour le protagoniste.
  • Au moins une façon de comprendre l'effet global peut être de poser que ce que la chanson offre est essentiellement un paradoxe rhétorique, spécifiquement en relation avec les efforts d'un protagoniste pour trouver une place pour lui-même dans l'interaction complexe des forces politiques, socio-économiques et idéologiques qui constituent son environnement. En juxtaposant le contenu apparemment critique de la chanson à sa musique de célébration conventionnelle, Springsteen oblige les auditeurs à s'engager dans des perspectives apparemment divergentes sur les questions de patriotisme, d'identité et d'appartenance nationale ; en bref, le narrateur semble à la fois aimer et haïr la politique dans laquelle il est né. Dans cette mesure, "Born in the U.S.A." échappe complètement aux efforts visant à l'aligner sur les idéologies politiques américaines conventionnelles de gauche et de droite ; au contraire, il mêle et embrasse des perspectives contradictoires de manière inattendue et séduisante.
  • Dans une analyse des écrits de Platon sur la rhétorique, Ingram soutient que la manière dont Platon place Socrate, le " faire-valoir ", dans des dialogues complexes est utilisée " pour provoquer les lecteurs " afin qu'ils envisagent des points de vue multiples. à considérer de multiples points de vue. En bref, l'indirection rhétorique est une méthode par laquelle un rhéteur présente à son auditoire un éventail de réponses ou de résultats possibles sans en approuver explicitement aucun comme étant correct.
  • Ainsi, s'il existe un argument unifié dans la chanson, c'est peut-être que les sentiments de connexion du narrateur à son propre état politique et à sa communauté nationale sont, avant tout, profondément paradoxaux.
  • Que faites-vous lorsque vous réalisez que l'amour est mal placé lorsqu'il s'agit du pays ou de la patrie ? Que faites-vous lorsque vous réalisez que l'Amérique, l'objet de votre amour, ne le mérite pas et ne peut pas le mériter ? Que le patriotisme ne peut se justifier ? Que le patriotisme est dangereux et potentiellement mortel pour ce qu'il prétend servir, compte tenu de ses amours avec l'inimitié et la mort ? Par son indirection rhétorique, "Born in the U.S.A." oblige les auditeurs à se poser précisément ce genre de questions, voire à s'immerger dans la complexité des problèmes.
  • "Born in the U.S.A." suggère qu'il n'y a pas de réponses faciles aux questions de patriotisme et d'appartenance nationale, que ce sont des expériences humaines paradoxales.
  • Les "grands sing-along refrains  sur des chansons dynamiques" - dont "Born in the U.S.A.," "Hungry Heart" et "Glory Days" - contribuent à créer un sentiment de communauté. En même temps, cependant, les paroles de toutes ces chansons semblent explorer des dimensions particulières de l'isolement.
"Là où il y a une volonté, il y a un chemin"

Merci !

Je comprends le côté paradoxal de la chose, mais franchement, pour s'imaginer que la chanson était un hymne à la gloire du pays, il fallait ne pas avoir lu les couplets... Le propos est assez clair, c'est le côté hymne du refrain et de la musique qui est paradoxal, autant dire, 4 mots hurlés...

Malheureusement, les paroles sont insuffisantes à lever l'ambiguïté potentielle de la chanson. Pour preuve, celle-ci est parfois incomprise aux USA (où pourtant la barrière de langue n'existe pas). Ce n'est pas tellement que des gens n'ont pas entendu les paroles, c'est que le "reste" était plus déterminant.

Une chanson -comme n'importe quelle œuvre- se comprend dans un cadre de références, par des signaux liés à sa forme, sa présentation. C'est particulièrement vrai pour BIUSA. Drapeau américain sur la pochette (et sur scène), rythme martial de la musique qui est presque un hymne, tout ceci peut renvoyer à une chanson nationaliste ou chauvine. Ce qu'elle n'est pas.

Mais dans le contexte de l'Amérique de Reagan, c'est Springsteen qui a perdu le contrôle de sa chanson (par naïveté? parce qu'il pensait pouvoir avoir le contrôle du contenu et l'extraordinaire popularité? en se croyant plus rusé et capable de se servir de la force de son adversaire comme un judoka?). L'histoire a été plus forte que lui.

D'où une certaine gêne de sa part et la volonté de déconstruire la chanson : en la mêlant à War en 1988 (et en sabotant un peu le refrain), en lui mettant une intro en 1992/1993, en la jouant acoustique en 1999, en ne la jouant que très rarement aux USA après ça...

https://www.facebook.com/French-River-81-100462135018927/?modal=admin_todo_tour

Est ce que quelqu'un aurait l'article de Libé du 29/06/85?

Article défavorable où on parle "d'américons", qui pourrait replacer dans l'époque...

 

Libé 29/06/85

Je connais et je serai curieux de lire ça. Si personne ne l'a, j'irai le scanner/photocopier dans à la BN ou dans une bibli qui a une collection complète de Libé (qui avait fait aussi un papier début juin pour le début de la tournée européenne me semble-t-il).

https://www.facebook.com/French-River-81-100462135018927/?modal=admin_todo_tour
Citation de yvvan le 3 janvier 2022, 9 h 01 min

Est ce que quelqu'un aurait l'article de Libé du 29/06/85?

Article défavorable où on parle "d'américons", qui pourrait replacer dans l'époque...

 

Libé 29/06/85

Normalement, je devrai récupérer ce numéro et l'article du 6 juin sur le début de la tournée européenne d'ici quelques semaines.

https://www.facebook.com/French-River-81-100462135018927/?modal=admin_todo_tour

merci!

si tu peux récupérer celui du 22/3/92 que j'ai évoqué dans le sujet du boss et les médias

Pour l'instant, j'ai eu un accès limité aux Libé des années 80. Si et quand, je fais le grand "dépouillage" que j'envisage à la BNF, ce sera au menu. Pour l'instant, c'est en stand-by, covid oblige.

 

https://www.facebook.com/French-River-81-100462135018927/?modal=admin_todo_tour

Ouh la la, Serge Loupien n'aime pas Springsteen, et c'est peu de la dire. A côté, Manœuvre est un zélote. 🙂

En fait, un premier compte-rendu de la tournée avait été publié dans le Libé du 6 juin (suite au concert de Slane Castle). C'est un dézingage en règle (avec des photos de Claude Gassian).

Dans l'édition du 29 et 30 juin et son fameux "Paris Bruce-t-il?", il y a un billet au vitriol de Bayon, un grand papier de deux pages sur le look de Springsteen, des conseils pratiques pour se rendre au concert et une bio factuelle. Détail amusant et surprenant, il y a un petit état des ventes de Springsteen en France et à la date de publication, The River fait mieux que BIUSA (mais ça ne va pas durer).

Loupien récidive en 88 en assassinant la tournée TOL (vu à Worcester).

Je posterai les scans de tout ça quand j'aurai les exemplaires papiers en main, ce qui ne saurait tarder.

Les plus jeunes se souviennent-ils si Libé avait couvert les sorties de Darkness, River et Nebraska?

En avril 1981, Libé ne paraissait pas (donc rien sur le passage par Paris).

https://www.facebook.com/French-River-81-100462135018927/?modal=admin_todo_tour

Avec Libé et Bayon, on est en plein dans « l’intelligentsia » de la presse musicale en France à cette époque.

Celle dans laquelle les lots de losers bénéficient de doubles pages et d’un crédit accordé par la seule magie de s’être produits dans des salles vides ou d’avoir vendu 3 albums et demi d’un 30cm fait à partir de maquettes enregistrées au fond de la cour à gauche. D’où d’ailleurs le crédit dont avait bénéficié dans ce journal « Nebraska ». Bayon était le pire. Et de toutes manières, à partir du moment où il y avait succès populaire, il y avait à la clé une destruction en règle. Cette fameuse caste de gratte papiers qui fonctionnaient en secte du haut de leur culture qui leur permettaient de s’imaginer avoir le droit de te manger sur la tête, étaient une bande de faisants, dont les postures étaient plus importante que l’écoute même des disques. Que bien sûr ils n’achetaient jamais, attendant qu’on leur fasse parvenir par coursier speciaux par quelques vassaux attachés de presse.
j’ai un exemple assez flagrant et parlant de la mauvaise foi, de l’ostracisme et du racisme musical que dispersaient ces sombres cretins. Lorsque j’étais DA, j’avais l’habitude d’aller assez frontalement tenter de défendre les artistes ou groupes dont je m’occupais. Surtout lorsqu’ils commençaient à remplir des salles ou vendre un peu de disques, mais qu’ils n’étaient pas jugés assez « centraux » pour ces nombrils ambulants. Lorsque les artistes étaient provinciaux et qu’ils avaient eu le malheur d’échapper aux radars détecteurs de cette bande de gratte papiers avant de connaître le succès, c’était systématiquement la sulfateuse qui s’invitait dans leur plumes. Pour les Blankass par exemple. Donc ça m’énervait.
Un jour je me retrouve aux francofolies pour le premier gros concert hors Paris de Angélique Kidjo, dont j’étais l’éditeur. Après show, on file dans un petit resto. Note de frais de la maison de disque (Island) oblige, un journaliste de Libé s’invite à table. Parce qu’en plus de ne jamais acheter un disque, ils étaient nombreux à se faire « entretenir ». C’est le gars (je me souviens plus de son nom) qui venait de démolir FFF, que j’éditais également, alors que le groupe était en pleine explosion et venait de foutre tout le monde par terre après une tournée de concerts monstrueux aux quatre coins de l’hexagone et un peu partout en Europe. Mais comme ils avaient déboulé sur la scène française par le truchement des réseaux alternatifs funk, Black et World, alimentés par Nova et pas par les réseaux « Rock » ou intellos de Libé, le mec les avait taillé en règle. Après vérification, il ne les avait jamais vu en concert. Ça m’a gavé…du coup je lui avait demandé son problème, et pourquoi il n’aimait pas le groupe…sa réponse m’avait scotché. « Le groupe est trop joyeux, c’est suspect ». C’est vrai qu’avec FFF on était loin de Joy Division ou Marquis de Sade….du coup j’en ai déduit que si le groupe composait une chanson sur le suicide, la mort, ou la dépression, on aurait peut être une chance d’intéresser un de ces sinistres 🙂

Evidement tout cela est anecdotique, et ne revêt qu’une importance mineure. A part d’énerver les fans parfois. Puisqu’il a été prouvé à l’époque (fin des 80’s) par qq études sérieuses sur le déclencheur d’achat des acheteurs de disques, que la presse n’avait qu’une importance très mineure sur celui ci. C’est la radio et les clips qui déclenchaient les ventes. Pas les mots acides de cette bande de frustrés du bulbe.

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