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Born in the USA: Forme, paradoxe et indirection rhétorique
Citation de Fabrice le 26 janvier 2022, 22 h 42 minOuh la la, Serge Loupien n'aime pas Springsteen, et c'est peu de la dire. A côté, Manœuvre est un zélote. 🙂
En fait, un premier compte-rendu de la tournée avait été publié dans le Libé du 6 juin (suite au concert de Slane Castle). C'est un dézingage en règle (avec des photos de Claude Gassian).
Dans l'édition du 29 et 30 juin et son fameux "Paris Bruce-t-il?", il y a un billet au vitriol de Bayon, un grand papier de deux pages sur le look de Springsteen, des conseils pratiques pour se rendre au concert et une bio factuelle. Détail amusant et surprenant, il y a un petit état des ventes de Springsteen en France et à la date de publication, The River fait mieux que BIUSA (mais ça ne va pas durer).
Loupien récidive en 88 en assassinant la tournée TOL (vu à Worcester).
Je posterai les scans de tout ça quand j'aurai les exemplaires papiers en main, ce qui ne saurait tarder.
Les plus jeunes se souviennent-ils si Libé avait couvert les sorties de Darkness, River et Nebraska?
En avril 1981, Libé ne paraissait pas (donc rien sur le passage par Paris).
Libé avait couvert d’une double page, la sortie de Nebraska, oui. Détaillée chanson par chanson, si je me souviens bien.
c'est finie, cette période? aujourd'hui, ce n'est plus la radio qui déclenchent les ventes, les clips non plus...
donc ce genre de journaleux tristes sires n'officient plus trop?...
Citation de yvvan le 27 janvier 2022, 13 h 29 mindonc ce genre de journaleux tristes sires n'officient plus trop?...
Tout s’est déplacé dans un grand mouvement alimenté par les comportements de « consommations » vers le numérique. Si les dinosaures (nous donc) sommes encore acheteurs ou lecteurs de journaux, les plus jeunes ont d’autres sources d’infos.
Les journaux ont tous été absorbés par des actionnaires depuis et été transférés sur des offres numeriques, La presse musicale papier n’intéresse plus grand monde, un événement chasse l’autre…et d’ailleurs l’événement n’est quasiment plus jamais une sortie d’album. C’est tout au mieux un buzz, mais plus un événement.
Le marché du disque, rapport à cette époque a la taille d’un timbre poste. Tout a tellement changé que les comparaisons sont impossibles.
A voir les artistes classés dans les charts français, c'est assez clair que la presse généraliste n'a plus grand rôle, puisque c'est le streaming qui domine et avec des artistes dont la promo doit se faire par les réseaux sociaux. Pour les artistes "établis", j'ai l'impression que c'est la prime à la fidélité qui joue : les acheteurs de Cabrel ou de Lavilliers sont plus ou moins là à chaque sortie de disques.
Libération avait une influence relative dans les années 80. Celle-ci a disparu.
C'est amusant que CC dépeigne ce journalisme qui vit au crochet des maisons de disque : l'article de Loupien du 6 juin commence par une plainte contre CBS qui n'a pas invité la "presse française" à Dublin.
Merci pour l'info au sujet de Nebraska! Je n'ai pas trouvé de critique de BIUSA en 1984 (pour la sortie de l'album) mais je n'ai eu accès qu'à une collection parcellaire. J'irai chercher aussi dans les numéros des années 70 pour voir si l'hostilité à Springsteen était du fait de son succès ou plus consistante.
Je ne comprends pas très bien en quoi le fait de préférer Joy Division à FFF ou de ne pas être fan de Springsteen en 1985 faisait de Loupien ou Bayon de « tristes sires ».
En 85 encore, Libé se revendiquait d’une certaine contre-culture. Il y avait donc assez peu de chance que le journal dise du bien des rois du rock mainstream de l’époque, qu’ils soient Springsteen, Madonna ou Michael Jackson. Libé préférait sans doute à l’époque mettre en avant des gens moins connus, ou "plus chic" …, mais pas pour autant des losers. Les vrais losers, on en a connu, dont certains magnifiques, ils n’avaient pas le droit non plus à un papier dans Libé.
Demander à l’époque à Libé d’aimer des mégastars serait comme demander encore aujourd’hui aux Cahiers du Cinéma d’aimer les films Marvel, ou attendre des participants de ce forum qu’ils fassent allégeance à Ed Sheeran, Adèle ou The Weeknd… c’est pas gagné.
J’ai l’impression que l’époque de ces grandes guerres de chapelles culturelles existe moins aujourd’hui concernant la musique, car en effet la presse écrite (et notamment musicale) n’a plus du tout le même poids. Par contre ça existe encore dans d’autres milieux. Par exemple, dans la BD où je travaille, ça devient même assez irrespirable. On a vraiment deux mondes qui ne se parlent plus, se méprisent voire se détestent ouvertement. C’est très polarisé. C’est à l’image de la société et c'est bien triste.
Le truc ironique c’est qu’à cette époque où Libé et les Inrocks étaient pénibles avec leurs postures élitistes et snobinardes, ils se vendaient vraiment pas mal. Aujourd’hui que Libé est beaucoup plus mainstream, qu’il est capable de consacrer la couv et 8 pages à la mort de Johnny Hallyday, il se vend à peine à 20 000 exemplaires… Quant aux Inrocks, qui aiment désormais tout le monde, de Juliette Armanet aux Sleaford Mods, de Games Of Thrones à Paul Thomas Anderson… aux dernières nouvelles, ils sont entre 5 et 6000 exemplaires vendus.
Je posterai bientôt les scans de ces articles. Ce qui rendra la discussion plus facile.
Le papier de 88 compare les tournées de M. Jackson à celle de Springsteen : victoire par K-O de Jackson (donc Libé pouvait aussi défendre le "mainstream").
Le plus gênant, c'est une certaine malhonnêteté intellectuelle dans la critique. A lire le papier de 88, on a le sentiment gênant qu'il n'y a qu'une feuille de papier cigarette entre le KKK et le public de Springsteen. Ca manque de finesse tout comme de dire que c'est "Ronald Reagan qui débarque à la Courneuve" en 1985.
C'était de l'ignorance ou de la mauvaise foi. Il y a toujours eu beaucoup de mauvaise foi dans la critique rock ou littéraire. Il suffit d'écouter Le Masque et la Plume le dimanche soir sur France Inter (la seule émission que j'écoute sur cette radio et je le fais exprès pour m'agacer) pour entendre de la mauvaise foi par hectolitres. Le snobisme fait partie de la vie intellectuelle, aussi irritant soit-il.
Si c'est de l'ignorance, il faut changer de métier.
Pour la mauvaise foi ou les partis pris, c'est assez logique et pas forcément gênant lorsque c'est au service de la critique. Le problème, c'est lorsque cela sert de paravent à une pensée finalement assez superficielle et "facile".